Un blog pour comprendre et analyser le mouvement du monde en cours.
Il est important, voire vital, que le penseur ou le "travailleur intellectuel" qui se spécialisent dans un domaine sachent aussi en sortir. Un exemple : ce n'est pas un économiste du pays qui a prévu et décrit le mécanisme de la crise américaine étendue au monde, mais un anthropologue français (Paul Jorion) qui a pu disposer (tout en travaillant dans la finance américaine) d'une double distance -culturelle et disciplinaire- pour observer un phénomène massif que les personnes entièrement immergées ne pouvaient simplement pas percevoir. Il en vient de même de l'ensemble des processus en cours au plan mondial et qui n'est accessible -comme ensemble- qu'à un regard "déspécialisé". Ce qui ne signifie pas qu'il faut mépriser les apports des spécialistes (les "bons chiffres"), mais qu'il faut surtout admettre que l'indépendance d'esprit, le "personnel' est aujourd'hui une qualité qui doit l'emporter sur les étroits liens de subordination qui rendent les chercheurs et les analystes beaucoup trop inféodés aux règles de leurs milieux et de leurs disciplines pour voir ou pour oser exprimer ce qu'ils voient. C'est à cette liberté que nous appelons ici, non pour rajouter un discours "critique" à d'autres, dans une sorte de complainte démultipliée sur ce qui nous arrive, mais plutôt pour interroger le monde avec plus de vivacité, d'ouverture et de pertinence, même si les façons de s'exprimer ne sont pas "certifiées conformes" par les énormes machines à produire et contrôler ce que Pierre Legendre appelait "Le Texte". En bref, et pour oser un peu de provocation, ce n'est pas aux futurologues de parler de l'avenir, aux historiens de parler du passé, aux économistes de nous expliquer l'économie, aux sociologues de nous interpréter la société, aux philosophes de nous dire la sagesse, aux théologiens de nous expliquer Dieu, parce que, par définition ces objets échappent essentiellement à la volonté de les enfermer dans des approches directes. A tout le moins chacun des "porte-parole" doit admettre que sa spécialité est en soi un paradoxe : à mesure qu'elle pénètre les arcanes de son objet, elle consiste surtout à former une corporation autour de la gestion de "son dire" visant essentiellement à ignorer sans scrupule excessif le "non spécialiste", mais aussi "l'original", le "trop personnel", "l'électron libre", etc.
Ce n'est donc certainement pas ici comme "anthropologue patenté" que je me lance ici dans le commentaire de l'actualité. Au contraire, je crois que cette actualité, tissée de mouvements tectoniques peut-être très rapides, est en train de réformer profondément ce que nous pensons encore aujourd'hui comme les dispositifs du savoir et ceux de l'action.
Il est important, voire vital, que le penseur ou le "travailleur intellectuel" qui se spécialisent dans un domaine sachent aussi en sortir. Un exemple : ce n'est pas un économiste du pays qui a prévu et décrit le mécanisme de la crise américaine étendue au monde, mais un anthropologue français (Paul Jorion) qui a pu disposer (tout en travaillant dans la finance américaine) d'une double distance -culturelle et disciplinaire- pour observer un phénomène massif que les personnes entièrement immergées ne pouvaient simplement pas percevoir. Il en vient de même de l'ensemble des processus en cours au plan mondial et qui n'est accessible -comme ensemble- qu'à un regard "déspécialisé". Ce qui ne signifie pas qu'il faut mépriser les apports des spécialistes (les "bons chiffres"), mais qu'il faut surtout admettre que l'indépendance d'esprit, le "personnel' est aujourd'hui une qualité qui doit l'emporter sur les étroits liens de subordination qui rendent les chercheurs et les analystes beaucoup trop inféodés aux règles de leurs milieux et de leurs disciplines pour voir ou pour oser exprimer ce qu'ils voient. C'est à cette liberté que nous appelons ici, non pour rajouter un discours "critique" à d'autres, dans une sorte de complainte démultipliée sur ce qui nous arrive, mais plutôt pour interroger le monde avec plus de vivacité, d'ouverture et de pertinence, même si les façons de s'exprimer ne sont pas "certifiées conformes" par les énormes machines à produire et contrôler ce que Pierre Legendre appelait "Le Texte". En bref, et pour oser un peu de provocation, ce n'est pas aux futurologues de parler de l'avenir, aux historiens de parler du passé, aux économistes de nous expliquer l'économie, aux sociologues de nous interpréter la société, aux philosophes de nous dire la sagesse, aux théologiens de nous expliquer Dieu, parce que, par définition ces objets échappent essentiellement à la volonté de les enfermer dans des approches directes. A tout le moins chacun des "porte-parole" doit admettre que sa spécialité est en soi un paradoxe : à mesure qu'elle pénètre les arcanes de son objet, elle consiste surtout à former une corporation autour de la gestion de "son dire" visant essentiellement à ignorer sans scrupule excessif le "non spécialiste", mais aussi "l'original", le "trop personnel", "l'électron libre", etc.
Ce n'est donc certainement pas ici comme "anthropologue patenté" que je me lance ici dans le commentaire de l'actualité. Au contraire, je crois que cette actualité, tissée de mouvements tectoniques peut-être très rapides, est en train de réformer profondément ce que nous pensons encore aujourd'hui comme les dispositifs du savoir et ceux de l'action.