La crise de 2008 est un appel des"marchés" à la constitution d'une référence mondiale de confiance quant aux anticipations profitables et leurs risques. Elle prépare les fondations d'un Etat mondial combinant étroitement le Privé et le Public.
A peine formulées les promesses de milliards à injecter pour soutenir le crédit, et la crise se calme. A peine les cours de la bourse remontent-ils que les médias oublient la crise. Et à peine la crise oubliée, qu'une série de milliards promis seront remisés sagement, sauf les quelques rogatons nécessaires pour justifier la surveillance des autorités publiques sur les flux de la machinerie interbancaire.
Rien ne s'est passé (les mises au chômage massif se seraient effectuées de toute façon dans le contexte de la délocalisation) . Juste quelques ondes se refermant au dessus de la peur. Pourquoi ?
Parce que nous sommes dans le domaine non pas d'une économie virtuelle comme on l'a répété à tort, mais dans le cadre d'une économie anticipative : l'argent fiduciaire et maintenant informatique représente l'anticipation de l'économie de demain par les possédants (et les consommateurs) d'aujourd'hui. Or une anticipation a besoin d'être crue. La confiance n'est pas seulement une confiance entre les agents du système (qui est technique), mais celle qui est accordée à des "institutions supposées savoir ou pouvoir" ce qui va se passer dans l'avenir. C'est pourquoi l'intervention de l'Etat est nécessaire au système : non pas parce qu'il est en soi une garantie (celle-ci s'épuise dans toute politique de déficit budgétaire qui dilue; étend puis reconcentre la dette), mais simplement parce qu'il représente l'autorité en dernière instance.
Ce que montre l'intensité de la crise de 2008-2009, c'est que l'assemblée des possédants (ce qu'on appelle "le marché") a besoin d'un Etat mondial qui ait réellement autorité, et non plus d'une pulvérulence de petites souverainetés même connectées. En ce sens, le méga-Privé qu'est le capitalisme mondial actuel attend un méga-Public qui soit à sa hauteur. Les opposer est une bêtise : cela fait belle lurette que Privé et Public marchent main dans la main, même si les fiancés se castagnent de temps en temps. On est donc passés du G4 au G20 et demain peut-être au G250.
Et ces "G", pour être souples et non institutionnalisés comme l'ONU (le FMI est mis en concurrence avec les G, et il faut voir comme M. Strauss-Kahn essaie de "vendre" son institution), n'en sont pas moins des organes en formation d'un super Etat-Monde, dans lequel, enfin, on pourra avoir pleinement confiance (quitte à faire disparaître un a un les secteurs de spéculation exagérée).
Témoin des limites de rendement d'un capital désormais liquide en direction du sud et noyant désormais presque toute la planète, cette crise systémique anticipe l'après-capitalisme parce qu'elle rend très difficile la spéculation exorbitante ou la précipitation sectorielle. La première grande crise"systémique" du XXe siècle est donc en définitive un appel à la construction étatique mondiale,même si dans un premier temps le"roi dollar" impose la dictature d'une puissance particulière au coeur de cet Etat-monde. Car on peut compter sur de nombreux ajustements progressifs mais convergents pour éroder cette dictature, ne serait-ce que l'effet objectif de "planche à billet" et d'inflation générale qu'il recèle. On va a l'évidence à moyenne échéance vers une monnaie mondiale composée d'un panier consolidé de devises aux marges étroites. Auparavant il y aura sans doute des rugissements de quelques tigres en papier(monnaie) pour obtenir des réajustements et éviter un second palier mortel à la chute de solvabilité... mais on y va, et du même coup va-t-on bon gré mal gré à une solidarité interétatique jamais encore établie à ce point. Certes, l'hypothèse de la guerre comme solution (démographique,économique) ne doit pas être sous-estimée (comme le rappelle le prophète Athalie,pardon Attali), mais ce ne serait qu'un raccourci sanglant -voire vitrifiant- dans la direction d'encore plus d'Etat-monde dans l'après-coup.
Tags : économie mondiale Etat mondial
Rédigé par duclos denis le Lundi 27 Octobre 2008 à 00:26 | Commentaires (0)
A peine formulées les promesses de milliards à injecter pour soutenir le crédit, et la crise se calme. A peine les cours de la bourse remontent-ils que les médias oublient la crise. Et à peine la crise oubliée, qu'une série de milliards promis seront remisés sagement, sauf les quelques rogatons nécessaires pour justifier la surveillance des autorités publiques sur les flux de la machinerie interbancaire.
Rien ne s'est passé (les mises au chômage massif se seraient effectuées de toute façon dans le contexte de la délocalisation) . Juste quelques ondes se refermant au dessus de la peur. Pourquoi ?
Parce que nous sommes dans le domaine non pas d'une économie virtuelle comme on l'a répété à tort, mais dans le cadre d'une économie anticipative : l'argent fiduciaire et maintenant informatique représente l'anticipation de l'économie de demain par les possédants (et les consommateurs) d'aujourd'hui. Or une anticipation a besoin d'être crue. La confiance n'est pas seulement une confiance entre les agents du système (qui est technique), mais celle qui est accordée à des "institutions supposées savoir ou pouvoir" ce qui va se passer dans l'avenir. C'est pourquoi l'intervention de l'Etat est nécessaire au système : non pas parce qu'il est en soi une garantie (celle-ci s'épuise dans toute politique de déficit budgétaire qui dilue; étend puis reconcentre la dette), mais simplement parce qu'il représente l'autorité en dernière instance.
Ce que montre l'intensité de la crise de 2008-2009, c'est que l'assemblée des possédants (ce qu'on appelle "le marché") a besoin d'un Etat mondial qui ait réellement autorité, et non plus d'une pulvérulence de petites souverainetés même connectées. En ce sens, le méga-Privé qu'est le capitalisme mondial actuel attend un méga-Public qui soit à sa hauteur. Les opposer est une bêtise : cela fait belle lurette que Privé et Public marchent main dans la main, même si les fiancés se castagnent de temps en temps. On est donc passés du G4 au G20 et demain peut-être au G250.
Et ces "G", pour être souples et non institutionnalisés comme l'ONU (le FMI est mis en concurrence avec les G, et il faut voir comme M. Strauss-Kahn essaie de "vendre" son institution), n'en sont pas moins des organes en formation d'un super Etat-Monde, dans lequel, enfin, on pourra avoir pleinement confiance (quitte à faire disparaître un a un les secteurs de spéculation exagérée).
Témoin des limites de rendement d'un capital désormais liquide en direction du sud et noyant désormais presque toute la planète, cette crise systémique anticipe l'après-capitalisme parce qu'elle rend très difficile la spéculation exorbitante ou la précipitation sectorielle. La première grande crise"systémique" du XXe siècle est donc en définitive un appel à la construction étatique mondiale,même si dans un premier temps le"roi dollar" impose la dictature d'une puissance particulière au coeur de cet Etat-monde. Car on peut compter sur de nombreux ajustements progressifs mais convergents pour éroder cette dictature, ne serait-ce que l'effet objectif de "planche à billet" et d'inflation générale qu'il recèle. On va a l'évidence à moyenne échéance vers une monnaie mondiale composée d'un panier consolidé de devises aux marges étroites. Auparavant il y aura sans doute des rugissements de quelques tigres en papier(monnaie) pour obtenir des réajustements et éviter un second palier mortel à la chute de solvabilité... mais on y va, et du même coup va-t-on bon gré mal gré à une solidarité interétatique jamais encore établie à ce point. Certes, l'hypothèse de la guerre comme solution (démographique,économique) ne doit pas être sous-estimée (comme le rappelle le prophète Athalie,pardon Attali), mais ce ne serait qu'un raccourci sanglant -voire vitrifiant- dans la direction d'encore plus d'Etat-monde dans l'après-coup.
Tags : économie mondiale Etat mondial
Rédigé par duclos denis le Lundi 27 Octobre 2008 à 00:26 | Commentaires (0)