Ce texte de Denis Duclos et Suzana Finquéliévich date de 1986. Il pose une question qui sera développée dix ans plus tard par Denis Duclos : est-ce que le territoire est autre chose que la projection spatiale d'un type d'existence sociale ? Cette question peut sembler soulever l'évidence,mais elle va plus loin : par exemple, il existe officiellement un "territoire national", mais, vu d'avion ou d'internet, s'il existe aujourd"hui un territoire caractérisé, c'est bien plutôt celui constitué par l'ensemble des sociétés "développées". Ainsi, la nuit, il existe un arc continu d'éclairage électrique sur tout le nord de l'Europe occidentale. On pourrait donc penser que la véritable entité correspondant à ce territoire n'est pas un assemblage de nations, mais la continuité du mode de consommation. Dans cet ancien travail, nous n'allions pas jusque là, mais une association est déjà nettement repérée entre la société technologique globalisante et "les territoires" qu'elle produit en elle. Il n'y a pas encore de pensée de la pluralité mondiale, et de sa nécessaire -quoi qu'encore irréaliste- partition en territoires/sociétaux réellement différents et politiquement négociés. Cela s'explique : le monde est encore à la fois découpé en fortes puissances nationales et divisé en deux par la guerre froide. Trois ans encore et la chute du mur de Berlin permettra de faire basculer notre vision du monde et d'observer la naissance d'une cosmocratie. Ce qui est déjà vu est le rôle crucial que prend la vision technologique dans cette installation mondialitaire.