"Dans cette situation d'aliénation du monde radicale, ni l'histoire ni la nature ne sont plus du tout concevables. Cette double disparition du monde -la disparition de la nature et celle de l'artifice humain au sens le plus large, qui inclurait toute l'histoire- a laissé derrière elle une société d'hommes, qui, privés d'un monde commun qui les relierait et les séparerait en même temps, vivent dans une séparation et un isolement sans espoir, ou bien sont pressés ensemble en une masse. Car une société de masse n'est rien de plus que cette espèce de vie organisée qui s'établit automatiquement parmi les êtres humains quand ceux-ci conservent des rapports entre eux mais ont perdu le monde autrefois commun à tous."
La crise de la culture (Between Past and Future,1954), Gallimard Folio (1989), pp. 119-120.
Ce texte est à méditer. Aucun décryptage n'est souhaitable, qui encouragerait la paresse du lecteur (mais réactions bienvenues).