La critique d'un groupe, d'une caste ou d'une classe comme source de dérive de l'histoire humaine ne suffit plus. Mais il ne s'agit pas de revenir au schéma religieux d'un péché originel ou d'une prédestination négative.Il faut néanmoins ressaisir dans l'essence de la culture humaine le défaut "permanent" qui l'entraîne à toute époque vers la massification, la surpuissance technique, le pouvoir vertical, et le "miracle" monétaire. C'est d'autant plus urgent que ce trait nous entraîne vers la destruction de la nature et l'auto-esclavage social. Les échecs du passé doivent être réanalysés en fonction d'une théorie anthropologique plus précise, et plus en phase avec les découvertes de la génétique des populations, la sociobiologie, la paléontologie des "hommes modernes", la linguistique comparative et la mythologie comparative. L'apport des disciplines de la symbolisation et de la parole ne pourra pas être négligé. On pourra et on devra en déduire de propositions pour une "redirection" possible de l'élan culturel vers une mondialité et un anthropocène supportables par la nature et l'Humain.
Anthropologue, directeur de recherche honoraire du CNRS, Denis Duclos travaille depuis quarante ans sur les rapports entre la culture humaine, l'acte de parole et les mouvements collectifs qui produisent l'histoire et sa tendance à la mondialité. Il a spécialement étudié les comportements de masse associés à de grandes peurs sociétales.