On peut se demander pourquoi revenir sur un thème isolé, qui donne par ailleurs lieu à des études spécialisées en grand nombre. La réponse est qu'il nous faut disposer d'une théorie des "effets" du positionnement culturel, sans laquelle nous demeurons perplexes sur la dynamique des champs culturels.
La haine envers les Juifs n'est pas un phénomène empirique, associé par hasard à l'histoire occidentale. Elle est précisément l'un de ces effets irrépressibles d'une certaine positionalité : celle qui, en germe dans le christianisme, admet l'égalité entre les sujets (via le mythe des rapports entre Dieu et l'Homme). Or on n'abaisse pas l'idée de l'arbitre supérieur sans un coût psychologique important. Celui-ci prend la forme d'une culpabilité ensuite rejetée sur autrui. L'antisémitisme est le paradigme de ce mécanisme.
Une fois qu'on l'a bien compris, on peut alors revenir à la comparaison des champs culturels et se demander si d'autres positionalités n'emportent pas des effets inconscients différents, et peut-être tout aussi difficiles à modifier. Le problème de fond évoqué ici est : comment des systèmes de positionalités s'ancrent-ils dans la durée ? Et comment, si le projet de changer ces systèmes se veut conscient et politique, traiter alors des effets qui retardent, bloquent ou figent un état de la conversation culturelle ?

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