Langage et subjectivité : solidarité, trahison,reconnaissance, place symbolique, poésie, les cinq aventures de la métaphore

Le langage humain ne fut sans doute pas rendu nécessaire par l'instrumentalité, mais par la solidarité élargie qu'il ouvrait aux groupes non apparentés impliquant une métaphore fondamentale : la société est aux familles ce que celles-ci sont à l'individu. Mais chaque Un a pu résister à être convaincu par cette métaphore. Y assujettir l'individu toujours en instance de trahison fut et est encore l'enjeu principal de l'élaboration du sujet. Le sujet n'a d'autre consistance que d'être un problème. La reconnaissance est le compromis qui intéresse individu et société dans la préservation d'une part indéterminée du sujet. Ce compromis est, par exemple, la métaphore de la"place", qu'incarne bien la catégorie parentale et notamment celle du père.
Certes, la place ne suffit pas,et n'est jamais garantie. Elle ne vient pas à bout du doute qui nourrit la conversation et son feu d'artifices de métaphores. La langue, dont Jakobson finit par dire qu'elle était faite pour la poésie, permet au moins de laisser une petite part des discours (cours de chaque métaphore centrale) ne pas être accaparée par telle ou telle force publique ou privée. En tout cas, contrairement à des linguistiques techniciennes, il est avéré pour l'anthropologue qu'on ne peut séparer la mécanique phonatoire du langage humain et son contenu imaginaire (rassembleur et diviseur) pour faire face au réel de la guerre et de la trahison.



Erratum (du document sonore) :

Selon Catherine Clément (Le Monde, 9 septembre 2011), les trois derniers mots de Lacan sont :"je suis obstiné, je disparais", qui font un peu penser à un envers du Cogito cartésien (je pense donc je suis). J'avais retenu, de mon côté, sans me souvenir précisément de la source du témoignage ou de la légende quelque chose comme : "je persiste, je disparais", comme un ultime "jeu" sur le "je" : "le je" continue dans la langue et chez les autres, tandis que je ne peux plus être son support.
Au fond, on a sans doute le droit de réinventer son propre Lacan, à condition de ne pas prétendre à
une vérité (qui ne pourrait être que celle d'und "relique"), et je présente donc des excuses à qui de droit, si j'ai donné
l'impression d'évoquer une réalité. DD

(patientez pour le lancement du document audio).

Lundi 5 Mars 2012 - 21:15
Vendredi 26 Octobre 2012 - 12:49
Denis Duclos